Bergogne, comme elle l'appelle, l'accompagne quand elle doit faire une démarche, comme à la gendarmerie où Christine se rend pour signaler la réception d'une lettre anonyme désagréable, menaçante. Mais, comme souvent, ils l’ont aussitôt oubliée. 24,00 € Résumé. Histoires de la nuit double son suspense addictif d’une peinture fine de ce qu’est faire couple, faire famille, faire communauté aujourd’hui. Sur fond d'amertume et de désillusions, le romancier allonge les scènes de ce huis clos terrifiant, en usant de différentes vitesses, en changeant de focales selon les moments et les personnages; prisonniers du surgissement de la violence dans leur vie quotidienne. On est dans un hameau, près de La Bassée, l’un de ces bouts de villages qui périclitent aux marges des marges de nos campagnes. J’aime beaucoup cette idée. Comme j’avais toute mon histoire d’un point de vue narratif, la seule vraie aventure possible, c’était l’écriture, les voies qu’elle allait engager, les souterrains qu’elle allait prendre le temps d’explorer, de remonter au jour. On ne saurait présenter ce roman sans dire ce qui nous touche le plus : une écriture à la mesure des personnages, de tous les personnages. Babelio vous suggère, Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique, « Ce recueil de poèmes parle à tous, à tous les instants de vie. Tous les discours qui se déploient passent dans un filtre, tout se déporte, se reconfigure dans quelque chose d’autre. sont, en ce qui me concerne, d’ores et déjà programmées. Laisser un commentaire Annuler la réponse. Il y a la ferme de Bergogne, rejeton d’une ancienne famille paysanne qui s’obstine à faire tourner l’exploitation, la maison de Christine, qui approche de soixante-dix ans, artiste peintre installée là depuis vingt ans, après son divorce, et une troisième maison, vide et à vendre. Auteur. Trois maisons, dont l'une, à vendre, ne trouve pas d'acquéreur tandis que dans l'autre s'est installée Christine, une artiste peintre qui cherchait un endroit où se poser après une vie amoureuse aussi lointaine que le fut sa carrière commerciale. Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu’occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu’une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années. La fin du monologue de son héroïne révélait, sous les couches et les couches de langage qu’elle déversait, le secret d’une meurtrissure n’ayant rien de superficiel. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les plus lus. Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu’occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu’une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années. Lire plus. C'est déjà et surtout un immense roman, terriblement haletant, implacable et sublime de psychologies dévoilées, de sociologies mises à nues, dans la noirceur sociale d'un petit coin de France abandonné. Mais celui que lui lit sa mère, Marion, ce soir-là, où il est question d’un chien fidèle à son maître au-delà du meurtre de celui-ci, ne l’effraie pas. La seule perspective d’entendre, à l’étage de leur maison, sa femme, Marion, et leur petite fille, Ida, discuter, réactive une souffrance ancienne : « Quelque chose le blessera, il les entendra rire toutes les deux, quelque chose le renverra à un sentiment lointain, perdu dans les brumes de son enfance, la sensation d’être exclu, surnuméraire, peut-être déjà oublié ou inutile. Couverture. Le plus épuisant, ce n’est pas d’écrire, c’est de récrire, de revenir, d’enlever, de faire ce travail de peintre dont parle Christine, assumer les repentirs, les strates, les couches. Il vit à la Bassée, le hameau hérité de sa famille, en compagnie de sa femme, la belle Marion et de leur fille Ida. Ce rôle protecteur, la nuit, c’est Patrice qui l’a. Histoires de la nuit, de Laurent Mauvignier, est publié par Les éditions de minuit le 3 septembre 2020. Non, je ne le dirai pas. Histoires de la nuit Histoires de la nuit est un roman de Laurent Mauvignier paru le 3 septembre 2020 aux éditions de Minuit. Commentaire Signaler un abus. Il vit à la Bassée, le hameau hérité de sa famille, en compagnie de sa femme, la belle Marion et de leur fille Ida. David Foster Wallace, en mettant fin à ses jours, pour moi met fin aussi à l’ambition de la grande littérature américaine. Les plus intenses déroulent un monde qu’a priori on ne soupçonnait pas. D’autant que Laurent Mauvignier ne sous-estime pas la violence des situations qu’il met en scène. Deuxièmement, la question de la dignité des personnages est fondamentale. Apprendre à finir, mon deuxième roman, c’était ça : essayer de hisser l’histoire banale d’une femme de ménage que le mari veut quitter, à la hauteur d’une tragédie, et ce parce que, quelle que soit notre histoire, quand elle nous frappe intimement, elle ne se vit qu’avec la puissance d’un sentiment tragique, quand bien même nous ne serions que des passants inconnus, ceux que les médias, dans leur indifférence ou leur bêtise crasse, nomment des « anonymes ». Et des surprises. Particularité notable de cette narration à suspense : elle est singulièrement étirée. C’est une question extrêmement importante : comment la fiction est devenue, dans la réalité elle-même, le mode de connaissance, ou de reconnaissance de l’événement. Laisser un commentaire Annuler la réponse. Merik 21 octobre 2020: Signaler ce contenu Voir la page de la critique. Ce qui frappe dans votre nouveau roman est le personnage de Christine, la peintre, véritable nouveau Frenhofer, qui accentue encore un peu plus votre goût pour l’image par les réflexions qu’elle offre notamment au jeune Bègue. C'est Bergogne qui, après avoir couché avec une prostituée ghanéenne dans une impasse sordide, appuyé contre une poubelle, est submergé par sa solitude et la honte d'avoir profité« des malheurs du mo11;de et de la vulnérabilité des femmes». Sauf que le comité d'accueil a changé. Se sentir en sécurité dans sa maison, selon qu’elle soit de paille, de bois ou de brique. Mais Ida aime le rituel, et d'être rassurée, malgré les peurs dont elle sait qu'elles viendront ensuite, par ce dialogue chuchoté entre e11e et sa mère, qui se termine par un conseil, au cas où i1 y aurait un dragon ; « Les dragons, tu leur casses les dents.». Le 8.11.2020, Simon Johannin était l'invité de Laurent Mauvignier dans l'épisode du “Grand atelier” qui lui était consacré sur France Inter. Tout juste peut-on divulguer qu’il s’agit, comme presque toujours chez l’auteur d’Apprendre à finir (2000), d’un huis clos. Cette fois, ce n’est pas comme une prescience de l’avenir : ce ne sont pas les fictions qui anticipent le réel, c’est le réel qui court après les fictions. Rien n’est direct chez Mauvignier. Il se déroule au village de La Bassée (Laurent Mauvignier fait partie des auteurs ayant œuvré au retour de la ruralité dans le roman français, lire le dossier pages 6-7), dans le hameau dit de « L’Ecart des trois filles », qui se résume à trois maisons dont l’une est inoccupée. Au cinéma, souvent, une scène se résume à : A) Information, B) Coupe. », « J’ai de suite été charmée par ces personnages et ces histoires. Laurent Mauvignier : « J’essaie d’écrire des histoires vraies que je n’ai pas vécues, que personne n’a vécues » (Histoires de la nuit). Diriez-vous semblablement qu’une tonalité fantastique emporte vos personnages pourtant bien dans une histoire terrible matériellement et physiquement ? Laurent Mauvignier a écrit des pièces, des monologues, dont le magnifique Ce que j’appelle oubli. Il y a cette idée dans Madame Bovary et dans Anna Karénine, que le malheur de ces femmes sentimentales, c’est d’avoir cru aux romans, d’avoir voulu une vie à l’image des romans. C'est Bègue, l'attardé, le plus jeune des trois frères, rendu fou par cette femme plus âgée, Christine, qui ose le défier avec une culture qu'il ne comprend pas. Ce déterminisme, on peut aussi le voir comme un fatalisme qui pousse inexorablement vers le gouffre ceux qui sont destinés à y aller. Laurent Mauvignier bâtit, avec de longues phrases en tension, un polar social et psychologique envoûtant et impressionnant, tableau de la désaffection rurale et de la fragilité des liens. C’est un thriller, un livre qu’on ne lâche pas avant de l’avoir lu jusqu’au bout, mais c’est aussi et surtout un roman de Laurent Mauvignier, dont on retrouve l’écriture, les thématiques et des noms désormais familiers. Je me suis mis à écrire un scénario basé sur un genre qui m’intéressait parce qu’il pouvait me permettre d’exploiter ces questions, un sous-genre du thriller, le home invasion movie. Histoires de la nuit | Laurent Mauvignier [Laurent Mauvignier] | download | B–OK. – bien davantage que de coutume soit neutralisée (en attendant la prochaine ?) Leur vie paraît calme, tranquille, comme réglée une bonne fois pour toutes, sommeillant dans l’ennui du quotidien. Collection : Roman Francais Minuit. Mais de quelle fiction parle-t-on, si ce n’est une métafiction qui doit coller à l’idée qu’on se fait de la fiction, une fiction de fiction pour que chacun, partout dans le monde, puisse avoir l’impression de reconnaître un film qu’il a déjà vu : on voit deux avions entrer dans des tours et l’on a tous l’impression de reconnaître un film, sauf que ce film n’a jamais existé, que personne ne l’a jamais filmé ni vu dans une salle de cinéma. En attendant, je suis impatient d’enfin découvrir les opus précédents (probablement en inversant la chronologie de parution – mais rien n’est encore décidé). Importance aussi du son – des voix, des bruits et des silences. Pour autant, des types qui débarquent chez vous et imposent leur violence, c’est une figure très archaïque d’une violence connue : la guerre, l’insécurité, tous les États du monde connaissent à un moment de leur histoire ces hordes qui viennent et détruisent, imposent le chaos, la loi du plus fort. Ainsi il faut traverser le home invasion movie pour voir à quoi la réalité ressemblerait, peut-être, si ça vous arrivait, en vrai. On a souvent l’impression d’être dans un film de Claude Chabrol et on pense tout autant aux pages des faits divers des journaux de province qu’à La cérémonie avec Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire…. ), mais par sa justesse, notamment de ton, l’auteur ne venant pas de n’importe où – et peu importe qu’on le sache ou non, on sent à chaque page que Laurent Mauvignier a vécu, ne serait-ce qu’en rêve, au hameau des trois filles seules, qu’il y a certaines racines, même s’il ne peut le saisir (le ressentir) qu’en écrivant, et notamment dans les moments d’attente de l’écriture, quand l’auteur s’apprête à se saisir d’une gomme, plutôt que d’une plume. C’est à partir de cette configuration assez primitive que ce fait divers opère – et tous les faits divers, à des degrés plus ou moins importants, sont sublimes, forcément sublimes, comme disait Duras de l’un d’eux, avec presque une sorte de fatigue ou de lassitude, tant ce n’est pas du jeu, c’est gagné d’avance : le fait divers vient de loin, il nous raconte, il nous sublime dans notre vertigineuse capacité d’épouvante. Une violence non démonstrative, mais sourde, affleurante et tentaculaire. Chaque phrase contient elle-même l’incertitude de son déploiement, de son devenir. Roman théâtral, en raison de ces divisions dans l’espace, Histoires de la nuit l’est aussi par l’importance du dialogue. « L’écart des trois filles seules » est un nom fictif. Mais ce qui domine et fascine, c'est le travail littéraire, la mise en place d'une mécanique en forme de machine infernale, qui monte crescendo et ne cesse, page après page, de surprendre, d'étonner, de fasciner. Avec Histoires de la nuit, Laurent Mauvignier s’illustre dans un genre nouveau pour lui : le thriller. Le rythme sinueux de ce style, aux multiples divagations, aux incessantes incertitudes; qui semble avancer à tâtons dans l'insaisissable, fonctionne en spirale pour mieux s'enfoncer dans le fracas d'un passé trop longtemps caché qui vient exploser à la figure des protagonistes. La phrase de Mauvignier, on la connaît, longue, sinueuse, heurtée (mais ici moins que dans ses précédents romans), une sorte de lacet ou de fouet car, à la fin, ce qui jaillit et claque fait mal, heurte ou éclaire. Mon rêve le plus fou c’est que d’une fonction narrative naisse un personnage, et que de ce dernier naisse une personne. J’avais été très impressionné par la construction du film de Kubrick, Ultime razzia, pour son côté compte à rebours, la mécanique qui se déploie, comment tout converge vers un événement dont on pressent qu’il est à la fois inévitable et qu’il sera pourtant différent de ce qu’il devrait être. Il y a un auteur qui compte beaucoup pour moi, c’est le hongrois László Krasznahorkai. Mais aujourd’hui, à part Joyce Carol Oates dont je peux vraiment dire qu’elle m’a concrètement influencé (son usage des italiques, de certains motifs répétitifs, mais aussi son type de personnages féminins – on pourrait dire que la mère de Marion, par exemple, dans Histoires de la Nuit, est une cousine des grandes désespérées de Oates), je ne suis pas très porté ni vraiment enthousiasmé par ce qui s’écrit aux USA. Il prend acte que même dans les montagnes, même dans le monde extérieur, je parle de huis-clos.” On l’aura compris, ces personnages, à peine leur a-t-on donné un nom, un prénom, un métier, un lieu habitation, une filiation, une relation de couple, bref les éléments classiques constitutifs d’une histoire romanesque, qu’on se dit qu’il va leur arriver des bricoles, on tremble pour eux, d’autant plus qu’il y a une petite fille, et aussi une vieille dame, donc des êtres fragiles, que ce n’est pas possible, que ça va forcément mal finir cette histoire, on ne sait pas encore de quelle manière, mais, dès l’incipit (“Elle le regarde par la fenêtre…”), on en est persuadés. Est-ce important de noter cela ? Mais, pour protéger sa petite Ida, la douceur s’impose, il faut rassurer l’enfant, lui indiquer les voies pour échapper à ce qui arrive. Au terme de cette épreuve, le sang coulera. C’est ce que je crois des influences : que ce sont des révélations de ce que vous devez faire, de ce qui ne fait qu’attendre en vous, avant de se lever. Agent : Isabelle de la Patelière - UBBA - 3, rue de Turbigo, 75001 PARIS - info@ubba.eu, Archives : On peut trouver à la disposition des chercheurs un fonds Mauvignier à la Bibliothèque Jacques Doucet des Universités de Paris. Simplement, il n’applique pas ces moyens, ces méthodes, sa volonté d’exploration et d’épuisement, à la réalité, aux choses, aux objets, aux formes sociales, mais aux sentiments, aux états d’âme, à la psychologie. Ici sans intention parodique. ... Lire la suite 640 pages, 24 euros. D’Histoires la nuit, Laurent Mauvignier dit : ce livre “prend acte de mon incapacité à produire de l’extérieur. Face à une réussite romanesque aussi éclatante, aussi maîtrisée, on se demande pourquoi les Goncourt persistent à le tenir à l'écart de leur sélection. On doit aller sur Mars, on doit parler par visiophone, on doit faire des meetings par hologramme. C’est étrange, vous pensez écrire un roman de genre et vous retrouvez avec un texte qui parle de vous. Histoires de la nuit est un livre d’aujourd’hui. Je voulais me mettre à l’écriture d’un film qui se tournerait plus vers le silence, le mouvement, les déplacements des corps : l’idée est venue à partir de ce besoin de chercher le déplacement, de travailler sur l’interstice entre deux actions. Contact : Pour contacter directement Laurent Mauvignier, on peut envoyer un courriel aux Éditions de Minuit, à : presse@leseditionsdeminuit.fr qui feront suivre. En lire plus. L'écrivain Laurent Mauvignier bâtit, avec de longues phrases en tension, un polar social et psychologique envoûtant et impressionnant, tableau de la désaffection rurale et de la fragilité des liens. Le romancier doit ainsi se débrouiller d’un système de signes, d’un appareil de discours, pour dire le trouble qui l’obsède, pour mettre en scène une pluralité de récits et de discours. Tous mes livres sont des huis-clos, tous parlent de l’enfermement : Continuer retire les murs, Histoires de la nuit les remet. Ils ont une voisine artiste, Christine, qui s'est installée il y a quelques années. Bref : il faut vaincre le mal par le mal. violence   Ainsi, Patrice, agriculteur toujours sur le fil, dont la ferme vit aussi difficilement que lui, enfermé dans son corps trop lourd, maladroit. Pour contacter directement Laurent Mauvignier, on peut envoyer un courriel aux Éditions de Minuit, à : presse@leseditionsdeminuit.fr qui feront suivre. Sont conviées à la fête l’unique voisine, Christine, une artiste peintre qui a eu du succès et a choisi la réclusion dans ce coin sans grâce, et deux collègues, Nathalie et Lydie. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’écrire une histoire qui ne serait pas tant bâtie sur des dialogues que sur des longs temps d’attentes, de regards, de glissements de l’un à l’autre des personnages. EN SAVOIR PLUS Résumé. Chez John Ford c’est très frappant, ce hiératisme jamais pontifiant pourtant, je pense à Henry Fonda et Claudette Colbert dans Sur la piste des Mohawks (Faulkner a discrètement participé au scénario, d’ailleurs, mais c’est anecdotique), mais bien sûr aussi aux Raisins de la colère, tourné la même année. J’ai essayé encore avec Dans la foule et surtout avec Autour du monde, qui travaillait sur une sorte de désir d’horizontalité et de simultanéité qui est toujours une question esthétique et politique, comme on a pu le lire chez Dos Passos par exemple avec la trilogie USA. L’écart des trois filles seules peut évoquer l’image des sorcières, de la sorcellerie, et je verrai bien Christine comme une sorcière aux cheveux orange, dont la peinture serait comme un acte de magie. Avec Nathalie et Lydie, ses collègues, elle aime faire la fête le vendredi soir. En quoi s’agit-il pour vous par cette équivalence de traitement entre un désastre mondial et un désastre intime de proclamer une égalité démocratique du roman ? D’un type particulier, est-il besoin de le préciser, de la part d’un écrivain qui aime à transgresser les archétypes, à l’image de son roman précédent, Continuer, où le récit d’aventure croisait l’intime et le politique. De ces coins perdus où même les noms jadis si évocateurs des hameaux ne disent plus rien à personne. suspense   Certains d’entre nous en ont une parce qu’ils l’ont rêvée. Tous ont une même idée en tête : le prochain dîner doit être une fête, c’est l’anniversaire de Marion, qui a 40 ans ! Find books Tous les thèmes qui obsèdent Mauvignier depuis une vingtaine d’années sont là – l’angoisse de la provenance, la mémoire, le passé qui encombre, la violence sociale, la culpabilité, les rapports conjugaux qui se détraquent, la complexité des liens familiaux, les secrets de famille, la perte, les troubles de l’identité, les angoisses de la création, de la transmission, la responsabilité morale dans le champ intime, le surgissement d’une violence extrême… Ils se rejouent d’une manière accentuée, comme si le procédé littéraire neuf en augmentait la portée, les inscrivait dans une démarche encore plus nette. Et au déroulé lent, le lecteur au supplice d'une tension permanente. C’est que le roman, par-delà sa trame ou sa ponctualité, doit dire quelque chose du monde. On a souvent, et il me semble à juste titre, reproché à Balzac de penser ses personnages et la société en général par types, catégories, interdisant aux uns et autres de contredire leurs origines, qui sont aussi leur destination, les laissant achevés, pour ainsi dire, dès les premières notes qu’on a d’eux, ne créant ou ne laissant la place à aucun mouvement, aucune espèce de marge de manœuvre, pour coïncider toujours avec leur nature. La trame est d’une grande simplicité. C’est une histoire de langage. Petite remarque au passage sur le “s” du titre, Histoires de la nuit, qui est aussi celui d’un livre pour enfants, composé de plusieurs brefs récits ou contes – histoires de sorcières ou de vampires, “parfois un peu effrayantes”, qui “s’immiscent secrètement” dans les rêves – que Marion, un des personnages principaux de ces Histoires, lit le soir à sa fille Ida : doit-on imaginer, dès l’incipit, que plusieurs récits vont s’entrecroiser ? Ajouter au panier. Comment vous est venue l’idée de raconter l’histoire forte de Bergogne, agriculteur bourru vivant endetté au fin fond d’une province abandonnée de tout, dans un hameau à la Bassée, préparant avec fébrilité l’anniversaire de Marion, sa femme, avant que des rôdeurs ne viennent compromettre la soirée ? Le noir nous va si bien, à nous lecteurs, non la tragédie (en est-ce une ? Patrice a parfois « la sensation d'être exclu, surnuméraire, peut-être déjà oublié ou inutile». Editions de minuit. Ce qu’on pourrait dire aussi du cinéma : la mondialisation fait que l’hégémonie américaine n’est plus que commerciale avec les grosses machines, mais pour ce qui est de l’art, on peut trouver partout dans le monde de quoi s’étonner, s’émouvoir, réfléchir, et surtout renouveler l’idée qu’on se fait de la littérature. Il est très amoureux de Marion, connue sur un site de rencontres par Internet. Même quand elles semblent cicatrisées, il suffit d’un rien pour que les sutures craquent, que les anciennes plaies se remettent à saigner. Tous mes livres sont des huis-clos, tous parlent de l’enfermement : Continuer retire les murs, Histoires de la nuit les remet. Avez-vous eu le sentiment de relever un véritablement défi romanesque et même physique en écrivant un tel récit, dont le suspense relève du roman policier, d’un grand plaisir de lecture et d’une véritable exigence d’écriture ? Comment ne pas être émue par la détresse de Charlotte ? On passe ainsi du présent décrit avec un hyper-réalisme frappant au passé qui vient s’y loger, y trouver des marques ou des appuis, faisant de leur confrontation permanente l’espace d’exploration d’une psychologie dispersée, intime et collective en même temps. Pour moi, il faut traverser cet indifférencié, cette banalisation pour aller chercher une singularité, une faille, qui produise un écart : écart ou hameau, nous sommes des indiens en espace clos qui cherchons à traverser le miroir des clichés pour toucher une autre rive, dont on ne sait pas de quoi elle est faite, toujours à interroger, à conquérir. Histoires de la nuit - Laurent Mauvignier - Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu’occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu’une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années. Laurent Mauvignier. Laurent Mauvignier signe indubitablement avec Histoires de la nuit l’un des très grands livres de ces dernières années. Au contraire, cet étirement du temps, qui passe par une écriture plus ample, plus fluviale encore qu’à l’accoutumée chez Mauvignier, rehausse la tension générale. Cependant, lors d’une fin d’après-midi, tout bascule à la faveur d’un passé qui revient…. Premièrement, on pourrait dire que l’histoire qui se déroule, sans parler de ces multiples ramifications et des parcours singuliers des personnages, ce n’est au fond qu’un fait divers, pas tout à fait banal heureusement (les prises d’otages dans les hameaux restent un phénomène à ma connaissance tout à fait rare), mais de l’ordre du fait divers criminel comme, malheureusement, ils sont possibles, et comme ils se produisent parfois.